"La Maison muette" de John Burnside
Par Julien,
lundi 15 décembre 2008 à 21:00 :: Critiques
:: #17
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Mots clés : coup de cÅ“ur, langage, polar
Quatrième de couverture :
Ce texte d'une violence clinique exceptionnelle est le récit d'une "expérimentation" sur deux enfants jumeaux élevés sans contact avec la parole humaine. la violence s'infiltre peu à peu dans le récit amoral conduit sur un ton détaché, sans recherche d'effet spectaculaire, d'une écriture précise et ciselée de poète. Plongée dans les méandres les plus noirs de l'esprit humain, réflexion sur la perversion du pouvoir paternel, vertige du désir de connaissance, réflexion sur le langage, un roman troublant.
"Une histoire dont la cruauté est parfois racontée avec une précision si détachée qu'elle en devient glaçante et qu'on ne parvient cependant pas à quitter."" Mathieu Lindon, Libération
"Le premier roman de John Burnside, poète reconnu, qu'il qualifie de "roman de chambre", se lit comme un thriller." Gérard Meudal, Le Monde des livres
"Pervers, morbide et poétique : l'écossais John Burnside signe un roman magnifique sur la limite trouble entre bien et mal, à travers un personnage à la folie froide." Fabrice Gabriel Les Inrockuptibles
Critique :
Inutile de le cacher, j'ai dévoré ce livre et, à peine terminé, il me faut vous en parler. Vous avez noté que j'ai laissé dans la présentation les citations des critiques littéraires qui, une fois n'est pas coutume, sont très pertinentes. Cette histoire est effectivement cruelle, glaçante, au-delà de toute morale et je n'ai pu que difficilement lâcher ce livre tant le récit du narrateur, servi par la jolie plume de l'auteur, est fascinant. Ce livre aborde, sans forcément donner toutes les réponses, trois domaines passionnants. Le premier concerne le langage. Le narrateur, très renseigné, cherche quelle est son origine, quelle est sa nature, quelle est son utilité réelle et ce que les expériences historiques sur le sujet peuvent nous apprendre, et c'est précisément cette passion dévorante qui va le conduire à mener ses propres expériences. Le deuxième concerne l'évolution psychologique du héros. Le narrateur, via ce qu'il veut bien nous révéler de sa vie, nous permet pratiquement de suivre, ou plutôt de vivre, les étapes qui l'ont conduit là où il en est psychologiquement. Nous pouvons alors comprendre sa logique interne qui, d'une manière parfaitement cohérente, le pousse à de terribles actions et sans regrets ni remords puisque, dans les pas de Jacques le Fataliste, notre héros sait bien qu'il n'y a qu'une voie possible, celle qui a été suivie. Enfin, le troisième sujet abordé est celui de la science. Car une fois laissé de côté tout jugement moral quant aux actes du héros, reste une question décisive : peut-on tout justifier au nom du progrès scientifique ? Autrement dit, la fin justifie-t-elle toujours les moyens ? Pour conclure, c'est un livre brillant tant par la fond que par la forme que je vous recommande très vivement de lire tant pour la sombre beauté de l'histoire que pour les questions qu'elle pose.
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